Publics de la culture

Restitution de l’atelier tenu le samedi 28 septembre 2019 à l’Estaque. Travail collaboratif à suivre…

QUESTION DE MOTS

Publics

Faut-il parler de publics, terme convenu mais exprimant une certaine passivité par rapport à une offre venant de l’extérieur ? 

Faut-il parler de façon plus neutre de population(s), d’habitants ou de « gens » ?

Faut-il maintenir la notion d’usagers qui exprime la diversité des usages et un côté plus actif ?

Eviter en tout cas les termes de client, de consommateur et tout ce que cela signifie : approche marketing, ciblage, segmentation, assignation.

Culture

Il y a bien sûr la culture et les cultures en général qui expriment des modes de vie et des représentations du monde.

Mais, il s’agit d’examiner plutôt ici les biens, les lieux et les pratiques culturelles des spectateurs comme des praticiens ainsi que les politiques culturelles.

Et il est difficile de tenir un discours général à ce propos tant les disciplines et formes de pratiques culturelles sont nombreuses (théâtre, bibliothèques, musique, musées, etc.) et cela mériterait un examen beaucoup plus approfondi.

LES POPULATIONS ET LA CULTURE

Exclusion, éloignement

La question de l’exclusion culturelle, qu’elle soit subie ou parfois auto-entretenue est bien sûr à explorer tant les écarts entre les populations sont parfois grands.

Pour autant, l’opposition entre culture bourgeoise et populaire a-t-elle encore du sens dans une période où la culture est considérée comme un divertissement accessible à tous.

Il n’empêche qu’il y a une nette séparation entre les populations et les quartiers dans le domaine culturel – entre l’isolement et les réseaux, entre le repli sur soi et ses proches et l’ouverture – et la perpétuation des clivages sociaux et culturels traversant la société.

Et que signifient vraiment dans une ville comme Marseille le notions de « culture pour pour tous » ou de culture « près de chez soi » ?

Médiation

L’accès à la culture n’est pas spontané pour nombre de personnes.

On a besoin de médiation et les rôles des médiateurs culturels sont à conforter.

On a besoin d’une éducation artistique et culturelle dans les écoles pour ouvrir le champ de connaissances et de curiosités des jeunes.

On a besoin d’actions d’accompagnement qui combinent par exemple la présentation de spectacles avec des rencontres avec les publics et la mise en place d’ateliers de pratique artistique.

Connaissance des attentes culturelles et de pratiques

Faute d’avoir mis en place des dispositifs d’enquête et d’évaluation, la ville manque de connaissances précises sur les pratiques culturelles de ses habitants ce qui entretient les idées reçues et les représentations erronées.

On manque aussi de dispositifs de consultation des habitants sur leurs attentes et leurs avis tant sur les projets culturels que sur les programmations et le fonctionnement des lieux culturels.

OBSTACLES ET LEVIERS D’ACCÈS À LA CULTURE

La proximité

La répartition inégale des équipements est flagrante au point qu’existent de véritables déserts culturels.

La question des déplacements, de la commodité des transports publics est essentielle si l’on veut rendre accessibles les équipements existants.

Sont également importants l’information et la communication qui sont traitées de façon très inégales selon les lieux et les types de propositions culturelles.

Les effets de l’individualisation

Le point de vue des habitants n’est pas facile à exprimer quand on est seul d’autant qu’il n’est pas toujours pris en considération ce qui peut décourager.

Toutes les initiatives visant à créer du collectif sont importantes à ce propos et la mise en place de collectifs (associations d’usagers, de citoyens, d’habitants) peut contribuer à faire évoluer fortement l’action culturelle.

Par ailleurs, les instances politiques doivent favoriser la transparence en matière d’information tandis que les services culturels relié à la ville jouent pleinement leur rôle quand ils le font avec un esprit de service public.

Le manque de ressources

Les personnes n’ont pas toutes les mêmes ressources financières et la politique des tarifs est déterminante. La gratuité, comme on peut l’envisager par exemple pour les bibliothèques, peut être un facteur favorable même si elle ne fait pas tout. 

A cela s’ajoute l’importance des ressources culturelles et sociales dans l’accès aux biens et aux pratiques culturelles et la capacité à les mobiliser.

Les propositions culturelles

Prendre en considération toutes les formes et dimensions de la culture qu’il s’agisse de la culture institutionnalisée ou de formes diverses d’activités populaires ayant une dimension culturelle : fêtes de quartiers, vides-grenier, marchés, bals, etc. 

Faire des propositions qui ouvrent chacun aux cultures du monde et à la diversité.

Et ne pas réduire le culturel à l’événementiel, au marchand, au divertissement.

LA POLITIQUE CULTURELLE À MARSEILLE

Eviter la polarisation 

Désenclaver des quartiers de la ville qui manquent d’équipements culturels, ne sont pas soutenus dans leurs initiatives et sont éloignés des grands équipements

Développer des actions pour tous les habitants sans forcément les séparer et ceci pour tous les quartiers : une bibliothèque par arrondissement par exemple. 

Soutenir les grandes institutions comme le travail de maillage du territoire mettant en rapports des dispositifs de proximité, des espaces locaux et des actions centrales.

Fournir des moyens d’accès et de pratiques culturelles

Soutenir financièrement toutes les initiatives mais rééquilibrer les moyens attribués au bénéfice des petites structures

Faciliter l’accès à des locaux pour toutes les associations culturelles et bien sûr aussi pour les artistes.

Imaginer des dispositifs de mutualisation permettant des contacts et des économies.

Assortir les versements de subventions à un engagement de rayonnement local, de diffusion et de diversifications des publics. 

CONCLUSION

Le retard de Marseille dans tous les domaines ainsi que les déséquilibres territoriaux ne sont plus à démontrer.

Reste à en analyser les causes. Elles résident certes dans une certaine incompétence, souvent d’ailleurs liée au clientélisme. Mais il y a surtout un manque d’ambition de la municipalité et des choix privilégiant certains quartiers au détriment d’autres.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *